Les français au Québec
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Langue française

Si le Canada est un pays officiellement bilingue, au Québec, on parle français. Langue officielle de la province, langue première pour plus de 80 % de la population, le français est aussi un symbole fort, l’un des derniers bastions face à la culture anglo-saxonne qui le ceint de toutes parts.

Et pourtant, lors des premiers contacts, il nous semble entendre une tout autre langue. Du fait de l’accent, des expressions, des nombreux anglicismes, on a parfois du mal à comprendre et à se faire comprendre.

Pourquoi une telle différence ? Tout simplement, car le français du Québec a suivi sa propre évolution, avec des influences différentes. Mais pour mieux comprendre, remontons le temps et revenons à l’installation des colons français au début du 17e siècle. Chacun débarquant avec son patois ou dialecte régional, on se heurta très rapidement à la nécessité d’une langue commune. On généralisa donc l’emploi de la langue du Roi, la langue de la cour et des salons de la noblesse et cela sans distinction de classe. C’est ainsi que l’on retrouve les « moé » et « toé », les « st homme-là », les « notr’ seigneur » du français parisien royal. Une langue qui n’avait donc rien à envier à celle parlée à Paris ou dans les grandes villes françaises.

Puis peu à peu le vocabulaire commença à se différencier : on relève des emprunts aux différents patois, à l’ancien français régional normand, angevin… aux langues amérindiennes, notamment algonkiennes.

Mais c’est surtout avec la signature du Traité de Paris en 1763 et le passage officiel du Canada aux mains des Anglais que l’écart va se creuser entre le français de France et français du Québec. Dans la mère-patrie, avec la fin du Régime monarchique, la Révolution, le français évolue considérablement : la prononciation, le vocabulaire, de nouveaux mots apparaissent… Au Québec, en revanche, l’heure est à la résistance. Victime des tentatives répétées d’anglicisation, il ne peut stopper l’afflux des termes anglais, dans le domaine des techniques et des affaires notamment. Aux archaïsmes de l’Ancien Régime, se mêlent alors les anglicismes et canadianismes… le tout formant le français du Québec.

Jusqu’en 1974, date à laquelle le français devient langue officielle de la province, le français du Québec n’aura de cesse de se battre pour continuer d’exister. Dépréciée par les anglophones d’une part, par les puristes d’autre part, elle conserve de ces longues années un sentiment d’infériorité face à celle que l’on prône toujours comme le modèle, le français de France. Mais le temps aidant, elle commence à prendre sa place comme l’un des symboles de la différenciation québécoise. Elle s’exporte, se chante ; assume désormais son accent si particulier, ses expressions aussi sucrées que le sirop d’érable… bref tout ce qui fait d’elle une langue à part entière.

Toutefois, en arrivant au Québec, vous ne manquerez pas de remarquer comme une petite guéguerre entre le français de France et celui du Québec. Outre votre accent que l’on ne manquera pas de vous faire remarquer - car n’oublions pas que la notion d’accent dépend de quel côté vous vous placez et en l’occurrence, outre-Atlantique, c’est désormais vous qui avez un accent ! – on relèvera régulièrement vos anglicismes : week-end, parking, pressing, shopping, un stop… alors que par ailleurs vous entendrez parler de toaster (grille-pain), de bumper (pare-chocs), on dira jusqu’à date (jusqu’à maintenant) ou encore d’un médecin qu’il est sur appel (médecin de garde). Mais si ce débat a le don d’exciter les uns et les autres, il n’aurait pas franchement de raison d’être au regard de l’évolution de la langue. Dans le français de France, on emprunte directement à l’anglais par mode dirons-nous ; alors qu’au Québec les termes et les constructions issues de l’anglais sont assimilés de par la pression des structures anglaises : industrie, vie économique et sociale. Souvent, le québécois n’aura même pas l’impression d’utiliser une forme anglaise car l’usage a fait de telle ou telle construction une forme usuellement admise. Inutile donc de déterrer la hache de guerre pour une question de mots, voire un malentendu !

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